L’édition 2023 de la conférence annuelle de l’ACA approche à grands pas! En prévision, le blogue de l’ACA, In the Field, publie des entretiens avec quelques conférenciers au programme cette année. Aujourd’hui nous vous présentons Simon-Olivier Gagnon, doctorant en archivistique au département des sciences historiques de l’Université Laval.

Q: Quel est le titre de votre présentation? Parlez-nous de votre sujet en une ou deux phrases.

Simon-Olivier: Les archives d'en bas en France et au Québec, du singulier au(x) collectif(s), de l'individuel au(x) commun(s).

Avec les collègues du projet de recherche Autres archives, autres histoires : les archives d’en bas en France et au Québec mené conjointement entre le Québec (Université Laval) et la France (Université d’Angers), nous discuterons des relations entre archives et pouvoir ainsi que des modalités d’émergence, d’affirmation et d’animation de projets d’archivage alternatifs.

Q: Pouvez-vous nous présenter votre parcours académique et professionnel? 

Simon-Olivier: Pendant mon parcours en sociologie qui s’est terminé avec une maîtrise portant sur Michel Foucault et le souci de soi, j’ai travaillé dans diverses radios communautaires au Québec, dans les Territoires du Nord-Ouest, en France et en Écosse. Mon expérience au sein de ces radios m’a amené à m’intéresser à leurs archives, et ce, dans le contexte particulier d’anniversaires commémoratifs. La thèse que je réalise actuellement s’intitule « Archives et radios communautaires : concevoir une archivistique communautaire ». Il est possible de suivre le cours de mes recherches et mes publications via mon carnet de recherche.

Q: Qu’est-ce qui vous a amené.e à vous intéresser au domaine de la théorie et de la pratique archivistiques?

Simon-Olivier: Je crois que tout a commencé avec ma pratique de l’échantillonnage musical (sampling) et de la réalisation de musique instrumentale de hip-hop (beatmaking). Pendant des heures, à la fin de mon adolescence, j’écoutais des vinyles pour repérer des extraits de mélodies à découper et à actualiser dans un montage sonore. Après mes études en sociologie, j’ai voulu revenir à ce type de rapport aux documents sonores et à leur interprétation. J’aurais pu me diriger en recherche-création, mais j’ai voulu me former à la discipline archivistique avec tous les enjeux sociaux, culturels et éthiques qui s’ensuivent.

Q: Le thème de la conférence 2023 est Belonging: Considering archival bonds and disconnects. Qu’est-ce que ce thème signifie pour vous en lien avec la pratique et les axes de recherche en archivistique? 

Simon-Olivier: Les liens archivistiques ne sont pas visibles à l’œil nu, ils méritent d’être révélés, exposés, mis en scène. C’est ce que nous avons réalisé dans le projet 2012 : Mémoires à faire, un projet portant sur les archives du Printemps québécois. Dans le cadre de ce projet collectif, nous avons, à notre manière, contribué à restituer au public certaines archives (radiophoniques, sonores, textuelles, etc.) de ce mouvement étudiant. C’est ainsi par notre intervention archivistique que des liens archivistiques se sont révélés entre une communauté de documents et des producteurs.

Les cinq épisodes du balado 2012 : Mémoires à faire sont disponibles sur différentes plateformes d’écoute et sur Internet Archives. Les archives pertinentes au projet, comme des tracts, des affiches, des photographies, ont par la suite été disposées dans deux vitrines, dans les locaux de L’Orchestre d’Hommes-Orchestres ainsi que dans celles de notre diffuseur CKIA-FM Radio Basse-Ville.

Photos prises à l’occasion de la marche d’écoute collective, le 24 septembre 2022. Crédit photo: Débora Flor.

Q: Pouvez-vous nous parler de vos approches et de vos perspectives de recherche? 

Simon-Olivier: Mon rapport aux archives vient de gens qui sont animés par une passion : ce sont des amateur·trice·s, des non-professionnel·le·s, des chercheur·e·s indépendant·e·s, des dilettantes qui manipulent des documents et qui finissent, somme toute, par sauver des pans entiers de l’histoire. Ces gens-là, qui demeurent trop longtemps et trop souvent dans l’ombre, jouent un rôle quant à la mémoire de la société civile, des organismes communautaires et, plus largement, des mouvements culturels contestataires et de la contre-culture. Je m’intéresse à la figure que j’associe à « l’archiviste ad hoc », aux gestes de cette figure, au sein des radios communautaires et universitaires.

Pour plus d'informations au sujet du projet : 2012: Mémoires à faire | Facebook